LE VENT DE LA CHINE

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« Police des médicaments recrute experts (h/f) désespérément »

En juillet 2007, la CFDA, Agence des Produits Alimentaires et Médicamenteux, voyait son Président Zheng Xiaoyu, exécuté pour avoir autorisé de faux antibiotiques ayant causé des dizaines de décès. Remodelée depuis, la CFDA se montre très active : en 2016, elle crée des centaines de normes médicales, rédige une loi de sécurité alimentaire, teste des centaines de produits, négocie pour casser les prix des molécules chères contre des fléaux médicaux tels diabète, hépatite ou cancer. Elle promeut aussi l’apparition de produits génériques de bonne qualité.

L’enjeu est énorme, le marché chinois étant n°2 mondial. En 2015, la demande chinoise en médicaments pesait 115 milliards de $ – un montant qui pourrait passer à 315 milliards dès 2020. À l’export, le pays vendait pour 25 milliards de ¥ – il en livrera pour 44 milliards en 2020 –à condition que la CFDA puisse suivre le rythme. Selon Bi Jingquan, patron de l’agence, « la compétitivité pharmaceutique d’un pays dépend de sa capacité à tester et approuver les médicaments ». Or la CFDA ne dispose que de 130 contrôleurs, alors que la FDA américaine en déploie 5000. Car il s’agit d’un savoir-faire inédit en Chine, intégrant à la fois les métiers du pharmacien, du juriste et du policier— une formation qui peut prendre plus de 10 ans. Aussi, la CFDA estime à 500 maximum le nombre de tels experts en Chine.

Paradoxalement, le problème de ressources humaines de la CFDA prend sa source dans son propre succès : en densifiant son appareil de normes et règlements, elle force tous les acteurs du secteur à également employer de tels experts pour suivre la loi. Aussi, laboratoires, consultants et financiers recrutent à tour de bras, avec des arguments financiers autrement plus alléchants que ceux de l’Etat ! Pour un cadre supérieur, calcule Reuters, la CFDA débourse 120.000¥ par an, or le privé offre jusqu’à 10 fois cette somme. De ce fait, déplore Bi, de 2014 à 2016, un tiers de ses agents a été débauché.

Ces départs massifs inquiètent. Ils compromettent les ambitions de la CFDA : de recadrer et assainir les pratiques de ses 20 multinationales, de ses 6000 PME locales, et ainsi forcer ces dernières à investir massivement dans la R&D, sous peine de disparaître.

En résumé, selon Sophie Cairns, analyste, « face à l’attente en soins et remèdes, la CFDA ne parvient pas à grandir assez vite ». Un retard de  croissance qui se réglera par la multiplication des cursus de formation, l’amélioration des salaires et des plans de carrière chez les « flics du médicament ».

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