LE VENT DE LA CHINE

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Les routiers se fâchent

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En mai, les grutiers se mettaient massivement en grève dans 20 provinces, dénonçant les bas salaires, les heures supplémentaires  impayées et l’irrespect de la loi. Or, les 8-10 juin, c’était au tour des camionneurs de se rebeller dans 11 provinces dont Chongqing et Shanghai, pratiquant « go-slow », klaxon, déploiement de calicots et chants de slogans !

Les routiers s’élevaient contre l’explosion des prix du diesel (+25% en un an, à 7¥/litre) et des péages,  les taxes abusives, l’anarchie réglementaire : certains transporteurs achètent des passe-droits (telles les plaques militaires) leur permettant de casser les prix. Les autres survivent en dépassant la charge autorisée.

Mais le gros de la colère va contre le groupe Manbang, issu de la fusion entre deux géants du transport routier qui créent de facto un monopole en défaveur des camionneurs. Depuis le 4 juin, leur plateforme en ligne adjuge les contrats de charge par enchères négatives — le chauffeur n’obtient la course qu’en proposant le prix le plus bas. Or, au terme d’une enquête de 2016, 71% des routiers sont « auto-entrepreneurs », propriétaires de leur semi-remorque, endettés jusqu’au cou auprès des banques, et vivant à bord tout en roulant 12h par jour, pour éviter de rater le défaut de paiement et la saisie du véhicule. Le nouveau système ultralibéral ne leur laissait donc pas le choix !

Comme pour dans le cas des grutiers, le ministère de la Sécurité publique, préparé, a évité le piège de la frappe aveugle, offrant en bord de route des cabines de repos et des repas. Mais le conflit se poursuit : nombre de camions de briseurs de grève ont été vandalisés par les manifestants. Pour désamorcer le conflit, il faudrait des discussions entre donneurs d’ordre et routiers, un accord de branche — on en est loin !

Une des leçons de cette affaire, est que les travailleurs commencent à dépasser l’anathème idéologique de l’Etat contre les syndicats libres. Ils ont pour cela un nouvel outil, WeChat, et le précédent d’autres luttes que l’Etat ne peut plus empêcher. Autre leçon : la crise commence à mordre. Tous les métiers souffrent de la raréfaction du crédit –même les villes voient se réduire leurs recettes de taxes, et doivent pourtant faire face à toujours plus de charges (retraites, santé, écoles…). D’autres mouvements sociaux couvent, comme celui des livreurs de repas. Cette crise est fâcheuse, alors que menace le conflit commercial avec les USA – il pourrait renforcer, dans l’immédiat chez Xi Jinping, la tendance à l’accommodement.

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