Second festival du e-commerce en termes de popularité après la « fête des célibataires » le 11.11, celle du 18 juin (« 618 ») a perdu quelques couleurs cette année, avec la disparition des écrans de deux influenceurs stars : Viya, condamnée l’an passé à une amende de 1,34 milliard de yuans pour fraude fiscale, puis Austin Li, « roi du rouge à lèvres » suspendu depuis qu’il a vanté les mérites d’un gâteau glacé en forme de char la veille du 4 juin (apparemment sans arrière-pensées)*. C’est un coup dur pour la plateforme Taobao (Alibaba), qui se retrouve ainsi privée de ses plus gros vendeurs, mais aussi pour les marques qui réalisent qu’elles ne peuvent plus uniquement dépendre de ces célébrités.
Même si toutes les plateformes de e-commerce et applications (Alibaba, Pinduoduo, Kuaishou, Xiaohongshu, et pour la première fois, WeChat) n’ont pas toutes dévoilé leurs chiffres du 618, les analystes prédisent un ralentissement du rythme de croissance des ventes.
JD.com, l’initiateur de ce « festival », a réalisé pour 379 milliards de yuans de volume de ventes (appareils électroménagers, cosmétiques, matériel de camping, produits connectés pour animaux de compagnie en tête) – un nouveau record. Cependant, son chiffre d’affaires n’a augmenté que de 10,8% cette année contre 27,7% en 2021. Ces données viennent confirmer une tendance déjà observée chez Alibaba lors de la dernière édition du 11.11.
Cette perte de dynamisme est attribuable à plusieurs phénomènes : la compétition accrue entre les différentes plateformes ; des réductions moins attractives qu’avant ; des livraisons perturbées par les restrictions sanitaires ; ainsi que des consommateurs plus rationnels dans leurs achats et plus regardants à la dépense. La faute au climat d’incertitude économique, en partie causé par la stratégie « zéro Covid » et ses confinements à répétition. Comment dépenser (sans compter) si on ne sait pas de quoi demain sera fait ?
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* Ironiquement, cette brutale interruption du show de Li Jiaqi a poussé une partie de ses 60 millions de jeunes abonnés à télécharger des VPN et à se renseigner sur le massacre de la place Tiananmen en 1989. Exactement ce que les censeurs souhaitaient éviter.