LE VENT DE LA CHINE

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Ivanka Trump — Une affaire à multiples rebonds

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Par ses rebondissements, l’affaire Ivanka Trump (fille du Président américain) semble échapper au contrôle de toutes les parties en lice.
Fin mai, trois faux ouvriers infiltrés dans deux usines de chaussures du Jiangxi et du Guangdong, sont arrêtés, accusés de « surveillance illégale ». Ils risquent deux ans de prison.

Ils avaient été envoyés en avril par China Labor Watch (CLW, de New York) pour inspecter les pratiques de Huajian, fabricant de chaussures destinées à l’export. Selon CLW, leur enquête clandestine leur avait permis de reporter des salaires trop bas, des horaires insupportables (jusqu’à 18 h/jour) et des fiches de paie falsifiées pour se conformer à la loi. Une fois à pied d’œuvre, les trois agents ont été vite neutralisés : dès fin avril, ils étaient interdits de quitter le territoire, avertis par la police de « cesser d’espionner », avant d’être arrêtés le 25 mai.

Le risque pour ces infiltrés était énorme : aux yeux de Pékin, ils étaient considérés comme des dissidents, syndicalistes œuvrant pour les progrès démocratiques en entreprise, au détriment du syndicat unique, un héritage maoïste inefficace et corrompu. De plus, les agents avaient aggravé leur cas en se mettant à la solde d’une organisation internationale, bannie en Chine.

Mais si l’on envisage leur action sous une autre perspective, la situation ne manque pas de sel ! Ces enquêteurs de l’ombre avaient potentiellement consolidé l’Etat de droit en Chine, en détectant des infractions à sa loi.

L’affaire se corse encore plus, quand apparaît l’identité des clients de Huajian. Les talons hauts et sandales étaient produits pour des marques telles  Karl Lagerfeld et Ivanka Trump à qui le groupe livrait 10.000 à 20.000 paires par an (au nom du partenaire Marc Fisher). Ivanka n’est pas gestionnaire—pour la préserver de « conflits d’intérêts », ses affaires en Chine sont aux mains d’un groupe tampon. Mais elle détient des parts.

On devine que la cible de l’enquête commanditée par CLW, n’était autre que Donald Trump. Or, en arrêtant les enquêteurs de CLW, Pékin se voit prêter un objectif qui n’était à coup sûr pas le sien : protéger sur son sol, contre sa propre loi, les intérêts privés de la famille Trump.

Pékin n’est pas le seul à se trouver en porte-à-faux : le Département d’Etat américain réclame (vainement pour l’heure) la libération des trois agents, au nom de la défense des droits de l’Homme. Mais une telle revendication prend encore une tournure inattendue : indirectement, D. Trump, le patron légal du Département d’Etat, est dans le collimateur des accusations des trois hommes dont le Département réclame la libération.

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