LE VENT DE LA CHINE

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Deux visions de l’avenir

Comme ailleurs sur Terre, la Macronite s’est abattue sur la Chine : le Président de 39 ans, séduit Pékin qui trouve bien des attraits à sa victoire du 7 mai. La Chine est soulagée d’échapper au scénario d’une France quittant l’Euro et l’Europe, pour s’arc-bouter dans une défense hargneuse de ses intérêts à court terme. Il y a aussi le profil de Emmanuel Macron, son passé technocrate, en lequel la Chine dirigeante se reconnaît.
C’est toutefois un autre argument qui a inspiré l’appel du Président Xi Jinping le 9 mai. Xi lui a demandé de soutenir ses « nouvelles routes de la soie », dont le Sommet « Belt and Road Initiative » se tenait les 14-15 à Pékin avec 29 chefs d’Etat et de gouvernement. Il l’a aussi prié de l’aider à protéger le plan mondial COP21 contre le réchauffement climatique, face à un D. Trump tenté de s’en dissocier. Macron a répondu (selon la presse chinoise) positivement, promettant de renforcer la coopération. Les deux leaders envisagent une première rencontre lors du G20 de Hambourg, les 7-8 juillet. Xi Jinping par ailleurs, ne se fait aucune illusion sur le fait que la relation future avec la France, sera sans complaisance. Macron ne fait pas mystère de son désir de renforcer la défense de l’emploi européen face à tous les avatars protectionnistes, notamment ceux des USA et de Chine – le déséquilibre commercial, la fermeture du marché public, des services chinois. De même, sous l’influence de son allié J.Y. Le Drian (ex-ministre de la Défense), Macron voudra aussi préserver la liberté de navigation : soutenir l’action avec Australie, Inde et Japon contre toute nouvelle avancée de l’APL en mer de Chine du Sud.

Une autre coopération se dessine entre l’ASE (Agence Spatiale Européenne) et son homologue chinois l’ASC dans la conquête de l’univers, pour un travail commun longtemps reporté pour cause de fossé idéologique et méfiance mutuelle. Des échanges ont déjà lieu à échelle réduite, sous forme de fourniture de données et d’outils embarqués. L’ASE négocie le passage et le séjour d’un cosmonaute à bord de Tiangong-2, le futur laboratoire géostationnaire.
Mais surtout le 26 avril, Tian Yulong secrétaire général de l’ASC, et Jan Wörner directeur de l’ASE, annonçaient des négociations pour associer la partie chinoise au projet de « Moon Village », future colonie humaine permanente sur la Lune. Ce projet européen servirait de point de départ aux expéditions vers Mars, à un lucratif tourisme spatial (permettant de financer les missions d’exploration), et à une collecte de minéraux tels l’hélium-3 (combustible possible des réacteurs nucléaires à fusion) ou le zirconium pour industries automobiles et des smartphones. Les programmes des deux agences s’avèrent complémentaires. Grâce à sa mission Smart-1, l’Europe a pu cartographier le pôle nord sélénite. Elle a surtout commandé au cabinet d’architectes Foster Partners la conception d’une cabine de vie dont les murs extérieurs seraient « imprimés » en 3D sur place, à partir de matériau lunaire, pour protéger les habitants de radiations et de micrométéorites. Cette hypothèse technologique sera validée en novembre grâce au partenariat chinois, au retour de la mission Chang’e-5 sur la Lune, qui rapportera des échantillons de roches et sédiments. La Chine peut aussi offrir sa fusée Long March-5 d’une capacité de charge de 25 tonnes sur orbite basse. En 2030, son prochain modèle de 100m de haut, quadruplera la capacité.

Pour cette mise en commun des efforts, les négociations ne font que débuter, encore freinées par les militaires des deux bords suivant des considérations de sécurité. D’autres agences spatiales guignent aussi leur place dans cette aventure – Roscosmos (Russie), la NASA américaine… C’est ainsi que l’espace rassemble des adversaires idéologiques d’hier, et pour une simple raison : en ce type de projets à la pointe de la technologie, très onéreux par nature, aucun pays ou groupe de pays ne peut gagner seul.

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