LE VENT DE LA CHINE

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Deux pays en malaise

Singapour s’impatiente : cinq semaines après leur saisie au port de Hong Kong, ses 8 véhicules transports de troupe ne sont toujours pas rendus. Le 7 janvier, Ng Eng Hen, ministre de la Défense écrivait à Hong Kong pour dénoncer la « prise en otage ». Dès le surlendemain, Pékin répliquait, suggérant à Singapour de « surveiller son langage et ses actions ». Ses chars lui reviendraient plus vite, si elle s’engageait à renoncer à toutes manœuvres militaires avec Taiwan, en respect du principe d’« une seule Chine ». Depuis lors, la disparition des véhicules (sans doute vers la Chine), ne fait rien pour alléger la tension…

Au Sri Lanka aussi, l’on s’échauffe : le 7 janvier à  Hambantota, (Sud de l’île), 1000 manifestants dont des moines bouddhistes (cf photo), tentaient d’arrêter les bulldozers d’une future zone industrielle de 6000 ha, propriété de 50 investisseurs chinois qui veulent y créer 100.000 emplois en 5 ans, moyennant l’injection de 5 milliards de $. Sur le port attenant, China Merchants s’apprête aussi à réinjecter 1,12 milliard de $, en échange de la session d’une partie du port—en sus des 4,8 milliards déjà dépensés depuis 2012.

Tout ce désordre provient de la décision de l’ancien Président Rajapaksa, natif de Hambantota, de moderniser ce Sri Lanka méridional, à l’aide de fonds chinois. A l’époque, Pékin avait accepté, enthousiaste : au large de l’Inde rivale, sur la route du Moyen-Orient, l’île offrait une base  logistique et une étape d’une nouvelle « route maritime de la soie ». 

Malheureusement, le port en eau profonde est resté désert, faute d’étude de marché. La région n’était qu’une jungle dépeuplée, sans tissu industriel. L’aéroport international en donne une cinglante démonstration : trois ans après son ouverture, il n’a que 2 vols/jour, qui doivent éviter au décollage ou à l’atterrissage les éléphants traversant la piste. Avec 58 milliards de $ de dettes, le nouveau Président Sirisena doit verser en intérêts 96% du budget de développement du pays ! Pour arracher son île à cette impasse –symptôme proche d’un Etat failli– il vient d’accepter ces cessions d’actifs (zone industrielle et une partie du port), contre un investissement supplémentaire et l’effacement partiel de sa dette chinoise.

A bien y regarder, cette stratégie est la seule plausible, pour espérer sauver le choix imprudent du prédécesseur. Si le pari réussit, ce sera « gagnant-gagnant », donnant de l’emploi aux locaux et une base logistique à la Chine. Mais la méfiance et l’absence de dialogue avec la population, rendent l’exécution délicate.

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