Aux taxes imposées le 23 mars par les USA à ses aciers et aluminium, la Chine a rétorqué le 2 avril par des rétorsions d’une valeur marchande équivalente sur des produits agricoles des Etats-Unis. Elle a aussi taxé l’éthanol américain, qu’elle espérait pourtant importer, pour mélanger à son essence. Adieu, programme « carburant propre » …
Puis le 4 avril, Trump frappe de 25% de taxes 50 milliards de $ de produits high-tech chinois. La Chine réplique du tac au tac par 25% de taxes sur le soja US, dont elle importe pour 14 milliards de $, pour son huile de table. Mais hors USA, les autres fournisseurs ne pourront remplacer ces volumes à 100% : la Chine recevra 10 millions de tonnes de moins.
Elle importait en 2017, 270.000 voitures américaines pour 11 milliards de $, y compris des Mercedes d’Alabama, BMW de Caroline du Sud : elle devra s’en passer, un temps !
En 2017, Boeing livrait 202 avions en Chine : elle tentera de se reporter sur Airbus, déjà fournisseur de la moitié de sa flotte. Mais ce sera en vain : les chaînes d’Airbus sont déjà proches de saturation.
Visés aussi, les semi-conducteurs d’Intel, Qualcomm ou Texas Instruments. La Chine en achetait en 2017 pour 6,89 milliards de $ : elle devra les commandes ailleurs (Taiwan, Corée du Sud) – à beaucoup plus cher.
Seront aussi dans le viseur de la République populaire ses propres touristes aux USA, qui étaient 3 millions en 2016. Avec les 300.000 étudiants chinois venus cette même année, ils grillaient 33 milliards de $ – les plus gros dépensiers étrangers ! Une fois les USA sur liste noire, les estivants chinois s’y feront plus rares…
Plus grave encore : GM, Ford, Apple et d’autres multinationales maintiennent en Chine des millions d’emplois : que deviendront-ils ? De même, quel sera le sort des 1200 milliards de $ en bons du trésor américain ? La Banque Centrale peut recevoir l’ordre de les liquider sur le marché financier. Alors, le dollar chutera : l’Amérique sera plongée dans une crise monétaire, la Chine y perdra son épargne, et d’autres devises comme l’euro s’effondreront comme châteaux de cartes.
Bilan : vu l’intégration des économies des deux pays, un conflit commercial long est insoutenable. Washington se donne six semaines pour valider et appliquer ses taxes. Les adversaires ont ce délai pour s’entendre.