LE VENT DE LA CHINE

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La guerre de l’eau n’aura pas lieu

Barrage des Trois-Gorges, Canal Sud-Nord, train Pékin-Tibet, le Chinois rêve toujours de projets titanesques. Briser les fleuves les plus impétueux, forer les montagnes les plus hautes…

Ainsi, des chercheurs de la CAS (Académie Chinoise des Sciences) travailleraient sur un projet fou : un tunnel-canal de 1000 km, qui portera 25% du débit du Yarlong Zampo (15 milliards de m3/an) du Tibet au Xinjiang. L’eau doit arroser des dizaines de milliers de km² de désert du Taklamakan, comme il se fit au 20ème siècle en Californie. Le projet pourrait générer des milliers d’emplois, attirer des millions d’habitants, tout en améliorant le sort de la nation.

À titre de test, un tunnel se fore depuis août au Yunnan, de 600km, du sud vers le centre de la province. Il faudra 8 ans et 12 milliards de $ pour pouvoir acheminer 3 milliards de m3/an, offrant une nouvelle vie à la région.

Mais à peine l’annonce faite, Pékin a démenti : ce plan relève de la chimère, non du projet d’Etat, faute d’être faisable.

Parmi les obstacles, figurent : (1) l’impasse technologique – les pompes n’existent pas pour ralentir la chute verticale d’un débit de 15m de diamètre sur des kilomètres ; (2) la technique manque pour franchir les failles tectoniques, à forte activité sismique ; (3) la sédimentation pose problème—les moyens d’éviter l’engorgement du tunnel ; (4) l’aléas d’un assèchement des 35000 glaciers du Tibet d’ici 2050, rendant dès lors l’ouvrage obsolète et finalement, (5) le coût—au moins 100 milliards de $. Or, une alternative cent fois moins chère existe au Xinjiang, qui repose sur une nappe aquifère très abondante et d’une exploitation notoirement plus aisée…

Autre obstacle, le caractère politique du projet. En effet, une fois passée la frontière indienne, ce fleuve devient le Bramapoutre, cours sacré et dont dépendent des dizaines de millions de paysans jusqu’au Bengale. En Inde comme en Asie du Sud-Est, nombreux soupçonnent la Chine, détentrice de la source de tous les grands fleuves du continent (Fleuve Jaune, Yangtsé, Mékong, Bramapoutre…), de vouloir garder pour elle l’essentiel de la ressource (400 milliards de m3/an). Pékin, aujourd’hui, a un langage très clair : aucune politique de maîtrise de l’eau en ce pays n’aura lieu sans partage ni concertation. Il y aurait trop à perdre. Même sans arriver à une guerre de l’eau, un détournement du Bramapoutre sonnerait le glas des espoirs de la Chine de déployer ses nouvelles routes de la soie à travers l’Inde et le Bangladesh.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement lance au projet de la CAS la flèche du Parthe : ce plan « tient moins de la réalité, que de l’imagination de technocrates en mal de célébrité ».

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