Du Club Med à Danone, en passant par Valeo et le spécialiste français de l’IA, Mistral, une trentaine de patrons ont accompagné le président Emmanuel Macron en Chine, du 3 au 5 décembre. Mais la moisson de contrats est restée très limitée, signe que l’ère de la surenchère de signatures qui prévalait il y a 15 ans est désormais révolue.
L’objectif principal du voyage était avant tout de convaincre Xi Jinping de réduire les déséquilibres commerciaux et d’encourager les partenariats technologiques, notamment sous la forme d’investissements chinois en France. En 2023, ils s’élevaient à 13,5 milliards d’euros dans l’Hexagone, contre 40 milliards d’euros d’investissements français en Chine.
Certains projets illustrent déjà le type de coopération mise en avant par Emmanuel Macron : le géant français du nucléaire Orano s’est associé à XTC New Energy pour produire des matériaux critiques à Dunkerque, tandis qu’une filiale du chinois Envision fabrique désormais des batteries électriques pour Renault à Douai. Dernier exemple en date : HoloSolis, société détenue par un consortium de sociétés européennes, doit ouvrir une usine de panneaux solaires en Moselle à l’horizon 2026-2027, avec l’appui de son partenaire chinois, TrinaSolar.
Pour le reste, aucun accord commercial majeur n’a été conclu. Pékin n’a pas validé la commande attendue de 500 avions d’Airbus, sous pression des États-Unis pour privilégier Boeing. Quelques partenariats ont toutefois été signés, principalement dans l’énergie et les services à l’environnement.
Parmi les accords industriels et technologiques :
- Air Liquide investira 25 millions d’euros pour électrifier une unité de séparation des gaz de l’air (ASU) à Yulin, augmentant de 10 % sa production d’ici 2027, dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec Shaanxi Yanchang Petroleum.
- Veolia co-développera une technologie de capture et valorisation des gaz de combustion industriels à Canton, transformant chaleur résiduelle en vapeur et en électricité.
- EDF et la CNNC ont signé une lettre d’intention pour renforcer leur coopération, et Framatome fournira des grappes de commande à CGN, tout en renouvelant son protocole avec la CNNC. Des accords ont également été signés avec le Commissariat pour l’énergie atomique (CEA) pour la recherche fondamentale et technologique.
- GTT construira un réservoir terrestre d’éthane pour Liwan Group.
- Suez assurera l’approvisionnement en eau du parc industriel de Banqiao et renforcera sa coopération avec le Shandong Provincial Public Utilities.
- Alstom fournira des systèmes de traction pour les projets de métro du New United Group.
- Dassault Systèmes 3DS et Inspur Digital Enterprise s’associent pour une coopération technologique et industrielle.
- Andros a signé un nouvel accord de coopération avec son partenaire, Beijing Capital Agribusiness & Foods Group (CAG).
Outre les partenariats économiques, le voyage a également été l’occasion de renforcer les liens culturels et patrimoniaux :
- Deux pandas devraient à nouveau rejoindre le zoo de Beauval d’ici 2027.
- Le Power Station of Art (PSA) à Shanghai a conclu trois accords avec des institutions françaises : le Centre national de la danse (CND) ouvrira un espace dédié aux archives de la danse, tandis que l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine) et l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) ont signé des lettres d’intention pour collaborer sur des projets liés à l’édition contemporaine et à la musique/acoustique.
- La France accueillera les trésors archéologiques du Sichuan, dont les objets du site de Sanxingdui, au musée Guimet dès novembre 2026.
En résumé, la visite présidentielle a surtout permis de renforcer les partenariats existants et de poser les bases de futures collaborations. Mais la signature de nouveaux contrats industriels majeurs reste limitée, reflet de la prudence des entreprises françaises face à l’incertitude géopolitique et économique en Chine.