LE VENT DE LA CHINE

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Des retrouvailles

Le temps s’est refroidi ce dimanche à Pékin : front froid, annoncé depuis trois jours, bien reconnaissable par les météorologues, qui nous a forcé à changer de plan en dernière minute : adieu, marche en montagne et pique-nique de taboulé au bord du ruisseau – bonjour aux amis de passage chez nous.
Stéphane et Nathalie sont des jeunes français remarquables, étant l’un et l’autre membres du staff permanent de « Médecins du Monde ». Ils gèrent les 500 rotations de médecins et infirmières à travers le monde, de Jérusalem au Darfour, et regardent d’un œil remarquablement froid les chèques, les voitures, les hommes et femmes qu’ils envoient dans des coins forcément dangereux, afin de sauver l’humanité souffrante.
Il y a 7 ans, Stéphane, fort de ses études de  Sciences po, étudiait le chinois à Beida, et s’y ennuyait royalement. Il avait demandé à tous les journalistes français de Pékin s’il  pouvait venir travailler gratuitement à leur bureau. J’avais répondu – seul. Suite à quoi Stéphane était venu passer 3 mois chez nous, faire des papiers.
Trois ans après, il retournait nous voir, cette fois à l’issue d’un séjpur de 18 mois pour Médecins du Monde, cette fois comme chef d’une antenne de vaccination de tibétains nomades, dans le cadre d’un projet de formation d’une antenne médicale permanente dans le Qinghai, à Gande (village, en pays Golok, dans l’Amdo). Je me souviens du dénuement qu’il nous évoquait, de l’absence d’hygiène de tout ce microcosme (vaccination avec mêmes aiguilles, vaccins non conservés à la bonne température), et des moins 40° auxquels il devait faire face. Il nous rapportait aussi la surveillance jalouse dont il faisait l’objet de la part de la police, face à ce monde fluctuant, aléatoire, incapable de prendre en main son destin faute de santé, d’éducation, du minimum pour assurer la cohésion du groupe. Ainsi, Stéphane nous avait relaté à l’époque que la police intervenait souvent pour séparer les groupes, villages et familles en litige : les Hans maintenaient leur ordre précaire entre Tibétains, qui autrement se seraient étripés pour le broutage d’une prairie ou pour un mouton disparu…

Stéphane avait fermé son bureau au Qinghai en fin de mandat, sans avoir réussi à créer la structure pérenne dont il rêvait : faute de soutien du pouvoir local, et de renouvellement des crédits depuis la France !   

Et à présent le voilà qui resurgissait, cette fois avec sa compagne, en fin de vacances de souvenir.

Nath, sa compagne, grande et belle fille a aussi peu froid aux yeux que lui, et l’accompagne dans un périple de Xi’an (Shaaxi) à Xining (Qinghai), en passant Yinchuan (Ningxia), en train, avion, bus et à dos de chameau, sans se soucier de son état, enceinte de 3 mois –mais les médecins, elle connaît, – et s’est préparée comme se doit. Nath gère aussi les affaires de Médecins du Monde, au Moyen Orient, et ancienne de sciences Po, y donne des cours de 5ème année en administration des missions de santé en situation d’urgence.  Bref, un bon moment avec un beau couple.

J’oubliais presque, Stéphane, à Paris, trouve le temps, deux fois par mois, de faire du volontariat auprès des prostituées chinoises : à quatre, avec un bus, ils prodiguent les conseils juridiques, médicaux et sociaux, enseignent comment obtenir l’une ou l’autre des couvertures médicales gratuites que dispensent la France (depuis 1995, merci, Martine Aubry) , enseignent comment éviter les infections sexuelles : à chaque rendez-vous public, elles sont 250 à les attendre, les unes pour faire leur provision de préservatifs gratuits, les autres pour l’entretien, qui ne concerne que le domaine juridique ou de santé (pour la réinsertion, d’autres associations sont sur le pont). La police, pendant ce temps, évite le quartier, afin de laisser ces bénévoles faire leur travail altruiste de reconstruction de leur société. Au demeurant, ces femmes perdues si loin de chez elles, ne parlant pas le français, ont pour la plupart quarante ans, plus de jeunesse, ni de santé, ni d’espoir : c’est l’enfer, qu’ils tentent par idéal de mitiger.

 Au passage : Il nous est toujours très agréable Brigitte et moi de garder contact avec tous ces jeunes qui sont passés, de façon plus ou moins sporadique dans notre bureau, apprendre de la Chine, lesquels retournent nous voir ou nous écrire. C’est un héritage, un legs meilleur encore, plus durable, du lien physique entre Chine et France, et des liens à créer, à renforcer, des modes et programmes pour plus nous fréquenter et plus nous comprendre. Et çà, nous l’avons fait et continuons, aujourd’hui dans le brouillard, obstinément. 

 Allez ciao ! N’oubliez pas, si vous avez lu jusque là, de laisser un commentaire : c’est encourageant !

 

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